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ANN : Prendre le temps d'observer, de relire les images du patrimoine pendant une résidence de deux semaines (et plus de cinq mois de préparation), dans une sélection de plus de 20 images proposées par l'Institut des Afriques et la Fondation MAM, j'allais choisir 8 images à analyser sur le plan plastique et thématique avec les collégiens et les lycéens...

Se balader à nouveau dans le musée d'Aquitaine pour toucher certains objets (parfois considérés comme des archétypes alors qu'ils sont des survivances ou des persistances, ou des réminiscences qui peuvent avoir plusieurs formes) et les écouter...

Il y aura beaucoup d'images...

L’art au cœur du vivant : une carte blanche à la Fabrique de Suza.

Atelier – Redessiner les objets des patrimoines africains.

Cet atelier avait pour but de sensibiliser les élèves au patrimoine et aux restitutions des œuvres d’arts africaines. Il est question de réactualiser les mémoires à la lumière des défis en commun avec le continent africain, au premier rang desquels les défis climatiques.

Plus spécifiquement, cet atelier vise à :

• Donner aux élèves des repères liés à l’histoire des œuvres d’art des Afriques et les contextualiser dans l’Histoire des colonisations puis des décolonisations (enjeux de circulations des œuvres).
• Connaître les particularités matérielles et formelles des œuvres d’art.
• Favoriser l’ouverture aux arts des Afriques.
• Sensibiliser aux pratiques artistiques responsables.

Pourquoi Relire ou Redessiner les objets du patrimoine ? D'ailleurs que veut dire patrimoine ? Que veut dire objets ?

Christina : ANN et si on prenait le relais pour t'aider à fignoler la dialectique qui rime avec DIALOGUE et/ou MONOLOGUE ???


Alex : Patrimoine ! Un mot souvent présent... Dans un premier temps, on est tenté de dire qu'il s'agit d'une manière officielle des biens de famille(s) ou des biens hérités de ses parents (ancêtres) de manière légitime, dans ce cas, c'est un héritage inaliénable (qui ne peut être cédé ou vendu à d'autres personnes sans un consentement familial) !!!

Vicky : Et si on prenait le temps de ne plus parler d'archétypes en ce qui concerne ces objets des Afriques, mais les re.considérer sous le prisme des survivances ou persistances ou réminiscences ??? Ce sera très long à expliquer, mais en deux ou trois mois on aura le temps de le faire ENSEMBLE, avec plusieurs notes et plusieurs PISTES n'est-ce pas ? Parce que, c'est l'union qui fait la force des pensées en SHS...

Christina : Notre prof d'esthétique et sciences de l'art a fait un chapitre sur le mot réminiscence, et comme je n'ai pas ses cours avec moi dans ce musée d'Aquitaine où nous sommes actuellement entrain d'observer ces objets à travers des masques, des statuettes en bois et bien d'autres objets en fer, bronze, textile... En ce qui concerne ces objets des Afriques, je préfère de très très loin, le terme réminiscence. On pouvait dans un premier temps lire dans un dictionnaire reconnu que, réminiscence signifie retour à l'esprit d'un souvenir non identifié comme tel...

Alex : Moi aussi j'aime beaucoup les termes persistances ou réminiscences au pluriel, car ils semblent soulever de nombreuses couches, comme les images sont toujours au pluriels chez GDH, et, j'ai pu lire, dans un autre dictionnaire, qu'il s'agit, de souvenirs imprécis, où domine la tonalité affective...

ANN : En tant que Didi-Hubermaniènne incontestable, j'opterai plus pour "SURVIVANCE", ce concept si cher à Aby Warburg ; mais on va rallonger les trames dès que mes textes sur la peinture végétale seront terminés... Pour ceux qui ne connaissent pas cet éternel chercheur, Aby Moritz Warburg, né le 13 juin 1866 à Hambourg, en Allemagne, et mort également à Hambourg le 26 octobre 1929, est un historien de l'art. Son travail a servi à jeter les bases de l'iconologie. Il a créé l'Institut Warburg.


Vicky : En rappel, l’iconologie, littéralement la « science des images », est une discipline qui étudie les conditions de production des images ainsi que le message qu'elles sont susceptibles de véhiculer. L'iconologie est associée à l'histoire, à l'histoire de l'art, à l'esthétique (notons déjà que l'esthétique de l'art regroupe beaucoup de disciplines, et on peut dire qu'elle est pluridisciplinaire ou hybride, car l'esthétique de l'art est aussi une branche de la philosophie et surtout de l'épistémologie, de la sémiologie, de l'anthropologie des images, de la littérature et bien d'autres matières en SHS comme la sociologie, la psychanalyse, et les sciences cognitives qui aident à mieux appréhender ou comprendre nos 5 ou 6 sens ; selon google (même s'il faut RE. RE. REVERIFIER pour s'assurer de nouveau que les citations sont exactes ou conformes au système) il y a plus de 5 sens. Et une fois de plus je cite Google : Il y a ceux que nous connaissons bien : la vue (visuelle), le goût (gustatif), le toucher (tactile), l'ouïe (auditive) et l'odorat (olfactif). Les trois que nous connaissons moins bien sont le système vestibulaire (équilibre), le système proprioceptif (mouvement) et le système intéroceptif (interne).) et à la communication. L'iconologie place les œuvres qu'elle étudie dans une perspective sociale et historique. Avec l'émergence du numérique à la fin des années 1990, cette discipline, nécessairement transversale, prend une importance considérable...

Alex : Comme je n'ai pas mes anciens cours avec moi qui commencent à jaunir dans mes tiroirs, je pouvais déjà relire sur le site (informations à vérifier et à revoir) de notre POTE WIKI Que : L’Iconologia de Cesare Ripa (1593) fait figure d'ouvrage fondateur de l'iconologie1. À la fin du XIXe siècle, en France, on trouve par exemple des personnalités qui entreprennent une étude systématique des images, par exemple Émile Straus, ou encore John Grand-Carteret. Cette discipline a été constituée de façon plus formelle par Aby Warburg, qui a eu pour principaux disciples Erwin Panofsky, Ernst Gombrich, Raymond Klibansky, Fritz Saxl, Adolf von Hildebrand et Edgar Wind. D'après la psychanalyste Marie-Josée Latour, l'iconologie de Warbug fait un lien entre l'histoire de l'art et « ses conditions de production et son inscription dans la temporalité », de sorte à voir les images comme « des réalités historiques insérées dans un processus de transmission de la culture »... Je me sens obligé d'être sur les traces de Madame Mondzain quand on parle d'iconologie et d'iconographie, en expliquant une fois de plus le concept d'iconocratie dans les lignes qui suivront...
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Vicky - Christina - Alex - Marie-Louise et Marie-Louis : ANN après avoir pris le temps de visiter de nombreux sites culturels qui collectionnent les objets des patrimoines des Afriques (avec toi et d'autres proches), pour ne citer que le Musée du Quai Branly Jacques Chirac, le Musée d'Aquitaine, Le Musée du Louvre, et bien d'autres Musées qui ont des objets des Afriques dans leurs collections, et en observant tes cahiers d'initiation aux dessins sur ces objets, tes assemblages avant les ateliers notamment tes séries sur les motifs, et bien d'autres pratiques plastiques et théoriques sur ces objets, cela nous a beaucoup touché...

Nous avons eu un retour sur l'importance de cet atelier dans la reconstruction des humanités et l'apprentissage des théories africaines dans de nombreuses écoles, et dans tous les continents... Cet atelier est riche de sens et de questionnements et il vient rehausser ou donner plus de visibilité sur les couleurs comme des formes des nombreuses études et thématiques sur l'importance des restitutions de ces objets des Afriques...

Vicky : Ces objets sont si composites, et ces ateliers rehaussent la compréhension de leurs importances dans les arts modernes et contemporains...

Alex : Après ces ateliers, j'ai eu envie de m'inspirer des images de ces objets et les réinterpréter avec mes objets du quotidien ; maintenant je sais pourquoi ces objets ont inspiré beaucoup d'artistes modernes et contemporains, pour ne citer que Picasso, Giacometti, Matisse, Basquiat, il faut les dessiner et les observer longuement pour appréhender leurs complexités...

Christina : Parfois c'est étrange, et parfois c'est même Bizarre : C'est presque Anomal comme "L'extraordinaire qui jaillit de l'inédit et de l'inouï" - Une force si présente et si absente en même temps... Si visible et invisible en même temps... Je vais même dire comme "l'inquiétante étrangeté" ! Comme une petite histoire de fantômes pour grandes personnes ! Là où les forces dites démoniaques s'animent...

ANN : Merci, et dès que possible je prendrai le temps, d'achever la première partie des cahiers d'initiation aux dessins de ces objets des Afriques (je ne pourrais pas tous les dessiner car il y en a tellement, comme il y a beaucoup de motifs, de rites, de cultes, de danses, de recettes culinaires, et des gestes dans ce vaste continent qui reste un GRAND mystère, surtout après l'esclavage et la colonisation), et si possible de faire un résumé sur cet atelier et son importance dans les sciences humaines et sociales surtout dans les arts plastiques ou les arts visuels d'une manière plus globale... Il y aura certainement des vidéos, bien d'autres images et textes comme des ouvrages en lien avec cet atelier, comme dans mes précédents ATLAS ou Musées imaginaires...

Vicky - Christina - Alex - Marie-Louise et Marie-Louis : Et nous allons une fois de plus te féliciter, comme l'ont su faire beaucoup de participants lors des ateliers...

ANN : Il y avait une grande équipe pour ce projet, je n'étais pas seule, et sans votre précieuse aide à la réflexion, je n'y arrive jamais ou toute seule, je vais si lentement... Festina Lente ou « Hâte-toi lentement ...

Alex : Avant d'amorcer les concepts d'iconocratie, d'iconophobie et de phobocratie de Madame Mondzain, il faut tenter ou essayer à notre humble niveau (de novice dans les théories des images) de comprendre cette phrase : "La crise religieuse du XVI ième siècle n'était, en elle-même, qu'une réplique de la vague d'iconophobie qui avait secoué le monde byzantin..." — (Jean-Claude Raspingeas,- Dieu ses images, ses représentations- Journal La Croix, 18-19 avril 2015, page 12).

Ces mots si bien interprétés visent à prévenir ceux qui ont eu la passion de comprendre (ou adorer) les images, qu'ils ne doivent pas oublier combien leurs méfiances ont été prônées depuis des siècles, dans Exode 20 : 4-5, nous lisons : « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point… ». De plus, il arrive souvent que la statue ou l’image devient un objet de culte, ce qui est en contradiction avec le premier commandement (Ex 20 : 3) : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face ».

Mais «Ce qui nous peuple et ce qui nous dépeuple »dira Marie-José Mondzain ; dans la même vocalité, pourrait-on aussi se demander si ce qui nous habite (nous africains esclavagisés et colonisés), pourrait-il aussi nous "déshabiter" ? - DÉSHABITER, verbe trans. A. − Cesser d'habiter, et je cite : « Il est sous le mont de Dieu et tout près de son trône une grotte qu'habitent et déshabitent tour à tour la Lumière et les Ténèbres en perpétuelle succession ». Le paradis perdu de Milton ; traduction de Chateaubriand).

Ce (les nouvelles idoles) que nous (Africains) avions hérité (ce qui nous peuple actuellement une fois que les objets des Afriques ont été confisqués) des images ou icônes des religions exogènes, pourrait-il nous déshériter ou dépeupler ?

Vicky : Exogène, dans le sens de ce qui provient de l'extérieur, ou se produit à l'extérieur de l'organisme, d'un système et qui peut affecter la partie superficielle de l'écorce terrestre ou la partie intérieure et jusqu'aux racines ? C'est de cela qu'il s'agit ?
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ANN : Je me souviens du chapitre sur la peur des images et des images de la peur, et nous avions amorcé les fameux concepts d'iconocratie, en expliquant l'iconophobie, et la phobocratie. Mais le prof avait commencé par une question : Pourquoi LA PEUR DES IMAGES ? D'ailleurs il y a un livre de Madame Mondzain qui porte un titre (une interrogation) inquiétant, et c'est l'image peut-elle TUER ? Pourquoi les images posent beaucoup problèmes surtout dans certaines religions ? Un étudiant a posé la question au prof en disant " Le culte des images rime-il avec IMAGER ou IMAGINER ?" - "Pas mal !" a répondu le prof de sémiologie qui est aussi un esthète et un anthropologue spécialisé dans les images et les imaginations...

Alex : Alors ! Nous voulions comprendre à nouveau (loin des amphis) l'iconocratie, l'iconophobie et la phobocratie ? Et bien commençons par lire les cours ou les fiches archives du cours et la suite arrive...

Vicky : Le prof avait aussi dit que l'imagination est la plus haute faculté poétique et il a cité plusieurs archives en notes bibliographiques "L'imagination, considérée dans sa liberté, ouvre une question de communauté qui ne peut être tranchée par une pratique de la politique centrée sur l'échange de preuves. En rejetant un consensus gagné à l'aide de preuve, Arendt ne veut pas dire que les jugements politiques doivent éviter toute prétention cognitive." - Les objets (des patrimoines) divers de toutes les humanités, sont surtout des "survivances" propices à l'imagination, et ne doivent pas être considérés comme des "archétypes" figés qui gardent leurs sens peu importe le contexte...

Alex : Commençons par iconophobie. Notons déjà que, pendant longtemps, de nombreuses images (ou objets des patrimoines des Afriques) ont été confisquées et occultées... Il y avait une absence forte et un manque de visibilité en ce qui concerne leurs DIALECTIQUES d'où l'importance de les faire découvrir dans divers cours des Arts plastiques et des arts visuels, pour ne citer que le dessin, le collage, l'assemblage, la vidéo, la sculpture, la peinture, les installations...

Or, les images en leurs "essences ou profondeurs" sont toujours plurielles riches de sens divers (souvenons-nous qu'une image peut en cacher une autre surtout quand elle est fragmentée ou complexe comme les objets des Afriques...) et elles sont surtout propices aux DISCOURS ou aux oralités, comme savoir ce que c'est la sagesse ou la beauté, et à qui appartient la beauté ou la sagesse ??? La suite arrive quand je vais ouvrir à nouveau mes ANCIENS cours sur l'iconocratie, l'iconophobie et la phobocratie...

ANN : La vidéo de Bénédicte Savoy, ci-jointe entre de nombreuses images (et d'autres images et textes qui suivront) fait "place à la rencontre" et aux questionnements sur "la beauté". Bénédicte Savoy est historienne de l'art, professeure à l'université technique de Berlin, et co-autrice d'un rapport sur la restitution des objets du patrimoine culturel Africain, pour le président de la république Emmanuel Macron" ; et elle évoque dans son ouvrage qui porte le titre À qui appartient la beauté ? de nombreuses interrogations sur les imaginaires, plus que les images sont abordées d'une manière efficace... Cet ouvrage est né d'une série de cours donnée au Collège de France en 2017 (cette série de cours a été inspirante pour la suite de mes recherches débutées en Master Esthétique et Sciences de l'art au CIEREC en 2015)...

Marie-Louis : Alors À qui appartient la beauté ? On serait tenté de répondre comme sur la vidéo à PERSONNE et donc à tous, à l'humanité, et évidemment rien d'aussi simple car les beaux objets ne sont pas multipliables à l'infini. Alors à qui doivent-ils appartenir ? À ceux qui les ont créés ? À ceux qui les ont achetés ? À ceux qui ont du goût et du savoir ? À ceux qui les exposent ? Ou à ceux qui les contemplent ? Et cela peut paraître espiègle de se demander si la beauté ou la sagesse appartient à ceux qui les (les objets du patrimoine des Afriques) ont volés ?

Christina : Pourquoi à ceux qui ont du goût ? Le concept ou le mot ou la notion de "goût" est-il présent dans toutes les langues ? Quant à la beauté qu'est-ce que cela veut dire même d'une manière si universelle ?

ANN : Mais en écoutant profondément cette vidéo, j'ai pu noter de grandes idées pour étirer diverses trames sur "Les anomalies créatrices et sur "leurs complexités" dans divers champs en études contemporaines... Les anomalies (pour ne citer que les transgressions et les anomalies littéraires de Foucault pour le moment) et les complexités hantent mes études depuis, et j'ai pu commencer à les tourner et retourner pli selon pli après mes premières lectures de 'L'Anomalie créatrice" de Camille Fallen, et je ne suis pas encore au bout de la fin de ce mémoire difficile à fignoler, sans des maîtres et maîtresses spécialisé.e.s (sur ce GENRE de sujet) dans les formes et forces extraordinaires (le BIZARRE) aux normes instituées ou systémiques pour ne plus dire académiques...

Alex : L'analyse des thématiques sur les questions du patrimoine devenait comme la littérature et la sociologie "un sport de combat", mais avant les thématiques, les analyses plastiques restaient un moment de détente propice à la rêverie et au voyage...

Voilà pourquoi en esthétique de l'art ou dans les théories des images d'une manière globale, on préfère la première partie ou l'analyse plastique ou la pratique des arts plus que l'analyse thématique ou la théorie... Durant ces ateliers, nous avions 30 minutes pour une petite théorie et 2 heures et demi pour la pratique, pour observer, essayer de comprendre, dessiner, admirer, et se laisser inspirer par ces objets du patrimoine dites parfois belles...

ANN : Les participants des ateliers qui ont lieu à l'espace les avant-postes ont pu découvrir mes travaux et ceux de l'exposition en cours réunissant trois artistes, Otobong Nkanga, Alexis Peskine et Josèfa Ntjam, qui ont su donner une dimension contemporaine à leurs racines. D'autres ateliers ont eu lieu à la Manuco et Barbey Village à Bordeaux...

Marie-Louise : D'ailleurs pourquoi la théorie fait peur comme certaines images ?

Vichy : Peut-être parce qu'elle est synonyme de critique, et pourtant la critique est un acte très varié et propice au dialogue... On ne soumet rien à la critique, mais la critique fait varier ou miroiter (par chatoiement ou "scintillement imaginatif" ou cangiante) diverses interprétations pour comprendre mille et un aspects de tout ce qui tourne et retourne autour des images...

Alex : En d'autres mots, la théorie (critique) ne doit pas être systémique ou verticale, mais, elle doit rester plurielle et célébrer divers points de vue, il s'agit d'une quête d'une pensée latérale et fluide...
Mais revenons un instant sur le mot beauté et sur le mot sagesse qui riment tous deux philosophiquement avec le mot existentialisme, c'est à dire : D'où je parle ? D'après qui je parle ou j'hérite ? D'où je tiens cette beauté/laideur ou cette sagesse/bêtise ? Qui sont mes véritables ancêtres ?

Si avant les croisades, l'esclavage et la colonisation ces questions pouvaient avoir leurs principes ou fondements, aujourd'hui (ou dans ce monde ACTUEL ou contemporain) avec la mondialisation et les mélanges, ces questions semblent assez COMPLEXES... N'est-ce pas ??? Comment parler de pureté ou de pépite sans poussière ou impureté ? Peut-il encore y avoir une beauté si uniforme ou même uniformisée ???

Vicky : Avant de continuer ce long dialogue, prenons quelques premières notes sur le mot CROISADE pour ESSAYER de comprendre les origines profondes des pillages de certains objets du patrimoine des Afriques. Et dans un premier temps (en l'absence d'ouvrages officiels dans nos mains) selon notre pote WIKI (même s'il faudra chercher à vérifier ses dires qui sont souvent très utiles et leurs pertinences commencent à être attestées par de nombreux exégètes et les grands maîtres des AMPHIS) : Une croisade, au Moyen Âge, est une expédition militaire organisée pour pouvoir mener le pèlerinage des chrétiens en Terre sainte1 afin d'aller prier sur le Saint-Sépulcre2. À cette époque, elle est d'ailleurs conçue comme une forme très particulière de pèlerinage, un « pèlerinage en armes »2. Ses participants sont appelés des pèlerins armés, puis, à partir du XIIIe siècle désignés comme croisés. Une croisade est prêchée par un pape, une autorité spirituelle de l'Occident chrétien comme Bernard de Clairvaux, ou par un ou plusieurs souverains comme Frédéric Barberousse. On compte habituellement neuf croisades, de la première (fin du XIe siècle) à la neuvième (1271-1272). Ces croisades constituent pour la majorité d'entre elles des initiatives françaises, avec une majorité de soldats francs, à l'exception de la sixième croisade lancée par le Saint-Empire.

ANN : Ah ! Tu me fais penser à une vidéo sur arte, dont le titre est Qui sont nos véritables ancêtres ? Elle pourra peut-être t'aider à amorcer la trame des précédentes questions posées sur les questions d'existentialismes et notamment sur les mots "FAMILLES" ou "Héritage" ou "Donation" qui peuvent plus ou moins justifier la génétique de notre sagesse/bêtise et de notre beauté/laideur... En parlant des mots croisades et donation (et avant de commencer à expliquer les termes d'iconocratie, d'iconophobie et phobocratie), je profite de cette occasion pour vous raconter l'histoire de la donation de Constantin (en latin : Donatio Constantini) est une forgerie rédigée à l'époque carolingienne, par laquelle l'empereur Constantin Ier était censé avoir donné au pape Sylvestre l’imperium sur l'Occident en 315. La papauté s'en servit à partir de la fin du Ier millénaire pour justifier ses prétentions territoriales et politiques.

Alex : Mais il me semble que la démonstration de sa fausseté en 1440 par l'humaniste Laurent Valla est généralement considérée comme l'acte fondateur de la critique textuelle (herméneutique) ou le début de la théorie critique !!! Enfin ! Je me questionne encore sur les conséquences d'un tel pouvoir (donné à un peuple ou groupe de peuples) sur des milliers d'autres peuples ou familles ???

Christina : Selon Wiki et plusieurs PROFS, si les motivations de la supercherie sont sujettes à spéculations, il est clair que la dite Donation de Constantin servait les intérêts carolingiens et pontificaux. Dès lors il fallait rependre le christianisme (et les images du christianisme) partout sur la terre comme aux cieux, quitte à détruire ou confisquer (voler) d'autres images ou objets d'autres patrimoines plus ou moins lointains...

Alex : Et je cite une fois de plus Madame Mondzain :

Pour décrire notre rapport contemporain à l’image, Marie-José Mondzain, philosophe et directrice de recherche au CNRS, propose le concept d’Iconocratie : Un mode de gouvernement par les images, une organisation du visible qui provoque adhésion par la soumission du regard. L’iconocratie serait un culte quotidien et sans cesse renouvelé des visibilités, une addiction au visible pour des yeux devenus aveugles devant l’invisible.

L’iconocratie pour être efficace et pour pouvoir s’imposer comme mode de gouvernement puise sa force dans deux régimes de la peur bien distinct :

L’iconophobie où la peur d’un règne de l’image qui se nourrit des dangers qu’elle nous ferait courir.
La phobocratie où le règne de la peur qui se nourrit des images et se sert d’elles pour établir sa domination.
Ces deux régimes, peur de l’image et image de la peur sont une même conception du pouvoir fondé sur une appropriation du sensible.

C’est sur ce point que notre rapport contemporain à l’image reste lié au conflit de l’époque byzantine qui opposa le pouvoir politique au pouvoir religieux pour le contrôle des pouvoirs de l’image. Aussi, le temps de l’image libérée de toute appropriation pour dominer et soumettre ceux qui la reçoivent, ce temps là, comme temps de l’âge adulte d’un vivre ensemble libre, n’est pas encore advenu. Pire avec la production industrielle des symboles (le marketing) ou l’industrie cinématographique – qui a fait dire à Jean-Luc Godard, que le cinéma industriel n’a fait et ne fait que raconter qu’une seule et même histoire dans tous ces films – avec donc tous ces signes parmi nous, c’est l’image qui se raréfie et tant à disparaître. Et avec elle c’est le langage, la parole qui est en crise
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Marie-Louise : Beaucoup de théoriciens des images et des théoriciens de la théologie pensent qu'au départ, ces objets du patrimoine des Afriques ont été confisqués par PEUR DES IMAGES DE CES IMAGES... La majorité semblait étrange" et les cultes/rites des vénérations qui les entouraient, semblaient aussi extraordinaires aux yeux des COLONS, qui devaient soit les brûler (comme pour le Bûcher des sorcières) ou les confisquer...


Marie-Louis (le frère de Marie-Louise) : Et si le problème ne se posait pas uniquement pas sur LA PEUR DE CES IMAGES, mais bien au-delà ? Si c'était étrange d'observer des formes fragmentées ou explosives qui viennent remettre en doute certaines connaissances très centrées ou systémiques ? Et selon notre premier prof d'histoire de l'art si dès l'après-guerre la découverte de ces objets contemporains (et du patrimoine des Afriques si inspirants pour les modernes et contemporains occidentaux) sonnait comme l'avènement d'une ère plus VASTE et propice à l'ouverture des pensées, et on peut dire après notre prof l'ouverture des pensées comme celles des surréalistes et des cubistes qui épousent des causes au-delà des univers dits systémiques ou clos ? Pour ne citer que l'irrationnel (entre rêve et réalité) et la fragmentation des discours donnant naissance à l'interdisciplinarité...

Pour moi l'analyse plastique est plus importante car elle aide à disséquer l'objet, à le plier et déplier dans tous les sens, et à l'observer différemment pour une meilleure compréhension DES MONDES qui l'habitent. En d'autres mots : Il s’agira nous le pensons fortement (comme ANN l'avait si bien dit dans ses mémoires au CIEREC) de la compréhension des mondes, de leur coexistence, de leur intrication, de leur compossibilité ou de leur superposition, (comme l'énonce Madame Fallen) sous le signe de la congruence ou de la concordance des incompatibles (la quête de cette recherche afin de comprendre l’extraordinaire). Le premier à s’être avancé dans cette voie complexe comme le souligne Camille FALLEN c’est Nicolas de Cues. Comme le souligne Koyré, dans les conclusions de Madame Fallen et beaucoup de livres traditionnels africains : c’est la destruction du cosmos et l’infantilisation de l’Univers qui entraine un bouleversement déterminant à l’origine de la science moderne que rappelle Koyré : « a le mérite ou le crime, d’avoir affirmé l’infini de l’Univers ».


Alex : Il s’agira de pénétrer dans les images du monde, et dans l’infinité des représentations irrationnelles (s’opposant à la norme) du monde, donc l’impossibilité d’une objectivité normative valable de l’univers. Les objets comme rites, symboles, religieux africains nous montrent combien le marquage ou la marque est essentielle non pour élever l’homme vers le surhumain, mais pour le rendre mieux Homme (Muntu d'ubuntu) donc au-delà du sens commun (la fonction principale de l’ART). En se faisant « Violence » par l’Art de la danse et du masque ou les arts propices à la variation ; l’art au sens général veut créer de nouvelles formes pour transmuer, et en procédant sans modèle, mais par intuition comme une leçon cosmologique. Nous pesons ici comme nous le souligne Fallen à le Cusain, hors de l’idée que nous nous formons par la pensée, la cuillère ne possède aucun autre modèle. Le Cusain poursuit, car si le sculpteur ou le peintre tire de ses objets qu’il s’efforce de représenter, ce n’est pas mon cas lorsque je tire du bois des cuillères, des soucoupes ou des jarres. Je ne copie en effet la figure d’aucune réalité naturelle. De telles formes, celles des cuillères, des soucoupes et des jarres, ne proviennent que du seul art humain (de la force seule de l’ingéniosité humaine). Notre technique par conséquent est plus un perfectionnement qu’une imitation des formes créées, et en ceci elle ressemble d’avantage à l’Art infini (c’est pourquoi notre art est plus parfait que celui qui imite la forme des créatures, et donc aussi plus proche de l’art infini).

ANN : En parlant d'infini, je vois une image impossible à traduire d'une manière globale et impossible à comprendre ou à saisir en une seule fois, et l'intraduisible (au féminin comme une Gradiva, une Mami Wata, une Ninfe ou même la figure mystique et mystérieuse de la dite sorcière) devient importante dans cette volonté de comprendre ces objets qui nous échappent. L'intraduisible (souvent au féminin) n'est plus ce qu'on ne peut pas traduire, mais c'est ce qu'on ne cesse pas de ne pas traduire comme les chants homériques, et elle est souvent plus chantée plus que parlée.

Vicky : Une intraduisible au féminin comme tu le disais, c'est ce qu'on s'attache à traduire (comme interpréter de différentes manières les formes plastiques, et dans ce projet à travers les images des patrimoines des Afriques), pour comprendre ce qui est compliqué comme complexe ou ce qui ne va pas de soit, comme des images ou des symptômes... Et notre prof parlait des différences dans les traductions comme dans les langues... !

La dansité (G. D-H) avec a ou densité dansée dans ces objets interprétés à nouveau par les collégiens et les lycéens...

ANN : Le Symptôme ! J'aime bien ce mot très Didi-Hubermanien... Que nous réserve l'avenir sans nos icônes ? What will tomorrow bring ?




Nota bene : Si vous trouvez une ou plusieurs fautes, les corrections seront bellement acceptées, et je reste joignable par message sur Instagram de préférence à travers le lien Instagram ci-joint en note de bas de page... La note de bas de page ou note en bas de page, aussi appelée note infrapaginale...

Texte et description de toutes les images à suivre... Written by ANN

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